sexta-feira, 14 de agosto de 2009

Marguerite Yourcenar



Henri-Maximilien Ligre poursuivait par petites étapes sa route vers Paris.
Des querelles opposant le Roi à l'Empereur, il ignorait tout. Il savait seulement que la paix vielle de quelques mois s'effilochait déjà comme une vêtement trop longtemps porté. Ce n'était un secret pour personne que François de Valois continuait à guigner le Milanais comme un amant malchanceux sa belle; on tenait de bonne source qu'il travaillait sant bruit à équiper et à rassembler sur les frontières du duc de Savoie une armée tout neuve, chargée d'aller ramasser à Pavie ses éperons perdus. Mêlant à des bribes de Virgile les secs récits de voyage du banquier son pére, Henri-Maximilien imaginait, par-delà des monts cuirassés de glace, des files de cavaliers descendant ver des grands pays fertiles et beaux comme un songe: des plaines rousses, des sources bouillonnantes où boivent des troupeaux blancs, des villes ciselées comme des coffrets, regorgeant d'or, d'épices et de cuir travaillé, riches comme des entrepôts, solennelles comme des églises; des jardins pleins de statues, des salles pleines de manuscrits rares; des femmes vêtus de soie accueillants au grand capitaine; toute sortes de raffinements dans la mangeaille et la débauche, et, sur des tables d'argent massif, dans des fioles en verre de Venis, l'éclat moelleux du malvoisie.

1 comentário:

Unknown disse...

Uma grande obra, que me lembra o final da adolescência, à qual nunca mais voltei, mas que em breve tenho de voltar… prometo.